qualitedelairVoilà 6 ans que ma maison est construite. Je n’ai jamais remis en cause l’efficacité de la ventilation double-flux (VMC). Pourquoi l’aurais-je fais ? comme vous, j’ai fait confiance aux professionnels.

Il y a deux ans, j’ai eu une surprise de taille. Mais avant, un petit point sur le CO2:

Le CO2 est un gaz résultant de combustion. Vous en avez tous entendu parlé, puisqu’on le considère l’un des plus important contributeur au réchauffement climatique. Mais saviez-vous que c’est celui que nous expirons tous à chaque respiration. Beaucoup d’entre nous ont déjà essayé de respirer dans un sac en papier, de se cacher le nez avec son pull après un lâché odorant par un indélicat ou de se mettre sous sa couette pour se cacher: au début, pas de problème, mais très vite, la respiration s’accélère. Le pouls également puis très vite, le sentiment clair de manque d’air devient insupportable et l’instinct pousse à sortir de la situation courante pour reprendre son souffle. C’est l’expérience du CO2. Lorsque nous respirons un air vicié, le CO2 remplace une partie de l’oxygène dont nous avons besoin et le confort s’en ressent vite. Plus le taux de CO2 est élevé, plus l’inconfort est important, jusqu’à pouvoir porter préjudice à la santé. Les personnes les plus sensibles sont bien entendu les personnes ayant des difficultés ou des faiblesses respiratoires: Gros fumeurs, asthmatiques, bronchitiques, etc…

Le CO2 dans l’air ambiant se mesure en parts par million (PPM). 10’000 ppm = 1% de CO2 dans l’air ambiant.

Voici quelques indications sur les concentrations de CO2 ainsi que son effet:

  • 350 – 450 ppm Concentration atmosphérique typique
  • 600 – 800 ppm Qualité acceptable de l’air intérieur
  • 1 000 ppm Qualité tolérable de l’air intérieur
  • 5 000 ppm Limite moyenne d’exposition d’au plus 8 heures
  • 6 000 – 30 000 ppm Danger, courte exposition uniquement
  • 3 – 8 % Augmentation de la fréquence respiratoire, maux de tête
  • > 10 % Nausée, vomissement, perte de conscience
  • > 20 % Perte rapide de conscience, mort

Un adulte expire en moyenne 20 litres de CO2 par heure. En une nuit de 8h, cela représente un volume d’environ 160 litres. Si on prend une chambre de 10m2 avec 2.5m de plafond, qui nous donne un volume de 25m3 soit 25’000 litres (désolé pour les maths),  il aura remplacé 0.64% du volume par du CO2. Bien sûr, il est très rare d’avoir un environnement 100% étanche, dès lors, la concentration réelle n’est pas si élevée au bout de la nuit. Quoi qu’il en soit, elle reste élevée et peut poser un problème.

Dans une construction moderne, l’accent est mis sur l’étanchéité et l’isolation de l’habitat. La ventilation mécanique devient indispensable et est, d’ailleurs, imposée dans le cadre par exemple de certifications de type Minergie. Celle-ci permet de renouveler l’air afin d’éviter l’accumulation de Co2, d’humidité, et autres gaz toxiques. Ma maison, certifiée Minergie-P est donc équipée d’une ventilation à double flux. Trois niveaux de ventilations sont possibles. Le niveau 2 est celui conseiller au quotidien. Le niveau 1 plutôt lorsque la maison est vide, et pour éviter l’accumulation d’humidité, et le niveau 3 permet de renouveler complètement l’air en quelques heures lorsqu’il y a du monde ou après une bonne raclette. La ventilation double-flux, comme son nom l’indique, fait circuler un flux entrant, et un flux sortant qui ne se mélangent jamais. Le flux entrant est pulsé dans les pièces de vie: chambres, séjour. Le flux sortant aspire l’air dans les pièces humides: cuisine, salles d’eau, cellier. Les deux flux sont équilibrés. Il entre forcément autant d’air qu’il en sort. Reste que les flux sont distribués indifféremment dans les pièces. Il n’y a pas de mécanisme permettant, par exemple, d’envoyer plus d’air dans une pièce et moins dans une autre. Afin de permettre à l’air pulsé de sortir des chambres lorsque les portes sont fermées, un espace de 8 à 10mm est nécessaire sous celles-ci.

Revenons donc à la surprise. Il y a deux ans, j’ai eu pendant deux mois une personne qui dormait dans la chambre d’ami de ma maison. Justement une chambre de 10m2 dans laquelle l’air est pulsé par ma VMC. Dès les premières nuits, cette personne, un gros fumeur qui ne se savait pas asthmatique, n’a plus eu aucun doute sur sa condition. Après quelques heures dans la chambre fermée, je l’entendais tousser. Il se plaignait de manquer d’air, et ressentait un fort besoin d’ouvrir porte et fenêtre. Je me suis inquiété. Je dois avoué qu’il m’était déjà arrivé qu’une personne se plaigne de ressentir un manque d’air dans cette chambre, mais sans plus. Là, c’était plus grave: ses crises d’asthmes étaient inquiétantes. Il a fini par dormir toutes les nuits avec la fenêtre en imposte.

C’est là que, inquiet, je me suis équipé pour mesurer la qualité de l’air dans les chambres. Netatmo venait de sortir sa station connectée, justement équipée d’un détecteur de CO2 en plus d’un thermomètre et d’un hygromètre. J’ai donc acheté un ensemble avec 3 modules. J’ai mis la base dans le séjour, et un module dans chaque chambre. Et là, ça a été le choc: dans la chambre de l' »asthmatique », porte et fenêtre fermée, la concentration de CO2 montait à presque 5000ppm alors que la ventilation fonctionnait au niveau 2, donc le niveau recommandé. Pourtant, dans le séjour, le CO2 restait à un niveau tout à fait supportable. Il dépassait rarement 800ppm durant son occupation. Dans ma chambre, un peu plus grande que la première, j’ai mesuré des taux de 3500ppm lorsque je dormais seul, et 4800 à 5000 lorsque j’étais accompagné.

J’ai contacté l’architecte et le fournisseur. Ce dernier ne m’a pas pris au sérieux dans un premier temps. Il a remis en cause le détecteur Netatmo et m’a mis à disposition un autre détecteur sorti de ses tiroirs: je n’ai pas eu de surprise de constater les mêmes concentrations. C’est alors qu’il s’est déplacé. Dans un premier temps, il a augmenté le débit de la ventilation, passant de 120 à 130m3/h. L’effet a été immédiat, bien que modéré. La concentration est descendue d’environ 500ppm au bout de la nuit par rapport aux nuits précédentes. Ca restait insuffisant.

Plus j’y réfléchissais, et plus pour moi le problème était simple à comprendre: Le CO2 est plus lourd que l’air. Il s’accumule donc par le bas. Or, ce que je constatais dans ma chambre, c’est que dès que la porte était ouverte, la concentration de CO2 chutait rapidement. Je dormais donc dans un aquarium qui se remplissait de CO2 durant la nuit, et se vidait dès que j’ouvrais ma porte… Le fournisseur est revenu, et a essayé de régler le problème avec … du scotch ! en essayant de limiter le débit d’air dans les autres chambres… efforts inutiles. Le principe était dès ce moment-là pour moi très clair: Lorsque la porte était fermée, il y avait résistance. Dès lors, l’air était redirigé vers les grilles d’aérations qui rencontraient le moins de résistance, celles du séjour. A moins de pouvoir installer un système de régulation par grille, il serait impossible d’obtenir une meilleure ventilation des chambres fermées. On peut comparer le problème à ce que l’on constate lorsque l’on bouche la buse d’un jacuzzi. Il y a résistance, l’eau sort donc avec plus de force des autres buses.

A ce jour, le problème n’est toujours pas réglé. J’ai trouvé une solution qui pourrait bien être satisfaisante. Toutefois, bien sûr, légalement je ne peux plus rien contre le fournisseur. Il aurait fallu porter plainte auprès d’un juge tout de suite, permettant ainsi un effet suspensif automatique de la garantie pour vice caché. Je ne l’ai pas fait. Je suis toujours en contact avec le fournisseur, mais il a beaucoup de peine à appréhender le problème, et surtout, soyons honnête, il ne sait pas comment le réglé (sans dépenser de l’argent). Il m’a même proposé de remplacer la ventilation (à ma charge bien sûr), pour une ventilation avec un détecteur de CO2… dans le conduit d’évacuation. Si vous avez suivi, vous saurez que ce serait totalement inutile. Le taux de CO2 global ne dépasse jamais les 800 à 1000ppm, et l’air qui sort de la chambre est dissous dans l’air de la maison avant d’être évacué dans par les pièces humides. La solution serait de placer des bouches d’air Zehnder à CHF 160.00 la pièce – particulièrement conçues pour garantir une isolation acoustique tout en garantissant un libre passage de l’air – près du sol dans chaque chambre, dans la porte ou dans le mur entre la chambre et le couloir, favorisant l’expulsion de l’air vicié de la chambre. Ceci a donc un coût: celui des bouches d’air, et celui des travaux qui vont avec.

La moralité de mon expérience est qu’il est indispensable que vous compreniez l’importance d’une bonne ventilation de votre maison, et l’impact d’une mauvaise architecture de la solution d’aération. Jusqu’à la démocratisation de détecteurs de type Netatmo, personne n’avait l’habitude de vérifier le taux de CO2 dans sa chambre. Mais combien d’entre vous ressentent une oppression, un inconfort, dans sa chambre à coucher, sans vraiment savoir pourquoi et fini par ouvrir la porte ou dormir la fenêtre ouverte ?

Maintenant vous savez: Si on vous vend une solution de ventilation mécanique dans votre maison, exigez qu’on vous mette à disposition un détecteur de CO2 dans les chambres les premières nuits, ou équipez-vous, et contrôlez que la ventilation a été architecturé correctement. Pour ma part, j’ai la conviction qu’une majorité des solutions aujourd’hui installées posent le même problème que la mienne. Sans un distributeur d’air avec réglage de débit par chambre, il est impossible d’avoir un débit équilibré dans toutes les pièces. Quant au détecteur de CO2 dans le flux sortant, c’est de l’argent jeté par la fenêtre. Si la ventilation offre un débit adapté au volume de la maison, le taux de CO2 global ne montera jamais à un niveau nécessitant d’être alerté. Je ne connais pas le marché, je n’ai pas fait des heures et des heures de recherche sur les produits existant. Mais le produit idéal pour moi est le suivant:

Une VMC avec détecteur de CO2 dans chaque grille d’air pulsé, et une gestion électronique et centralisée des flux automatique par grille qui règle constamment le débit en ajustant par exemple, des volets devant les grilles des différentes sorties d’air pulsé.